Le repère de l’homme qui construit Bruxelles

Son loft surplombe Bruxelles à 360°, mais il s’excuserait presque de la pluie qui tombe aujourd’hui et qui viendrait gâcher cette vue. C’est vrai que la veille encore, la neige recouvrait la ville et le paysage bruxellois devait avoir quelque chose de féérique depuis ce nuage de verre qui couronne discrètement les Marolles. Michel, qui en est l’architecte, a reconverti il y a plus de 20 ans ces anciennes usines Jacqmotte en une combinaison de logements, bureaux, lofts et de commerces. L’opération a été réalisée dans un esprit très bruxellois de transformation audacieuse et de mise à l’honneur de la mixité si chère à cette ville. C’est peut-être pour cela que Michel dit qu’ici nous sommes au centre de la capitale. Ce qui semble géographiquement discutable est culturellement vrai : les Marolles représentent l’essence même de ce qui rend Bruxelles si particulière, avec cet étrange mélange de diversité, d’ouverture et de chaos bien réglé. Cette reconversion a fait écho à la création de l’ascenseur, né juste en face à la même période et qui visait lui aussi à donner un second souffle au quartier avec ce lien nouveau entre les deux hauteurs de la ville. D’ailleurs, en parlant de hauteur, c’est ici que Michel vient en prendre, avec ces perspectives uniques sur la ville, ces œuvres qui fourmillent dans son loft et ces ouvrages qui s’alignent dans la longue bibliothèque-cloison ; les livres d’architecture d’un côté, de voyage de l’autre. Car Michel a construit un peu partout dans le monde, et le monde est aussi venu s’inspirer dans son loft grâce à cette vue imprenable sur Bruxelles. Il peut raconter cette ville qu’il connaît parfaitement en pointant son doigt dans les quatre directions. Faire rêver pour ensuite faire construire. La tête dans les nuages mais les pieds sur terre, comme cette sculpture qui trône sur son toit.