Lior de Pape – l’Athanor

Lior est penchée sur son ouvrage lorsque j’arrive à l’Athanor, sa boutique-atelier de vitrail. Roca sa chienne est étendue paresseusement de tout son long. Les pièces exposées sur ses murs et sa vitrine ont quelque chose de captivant. Peut-être est-ce dû à ce rapport si particulier à la lumière et aux couleurs propre à cet art. Cela fait cinq ans que Lior s’est installée ici, à une période où le quartier s’est un peu renouvelé. Cette rue calme contraste avec l’agitation de la place du jeu de Balle qui est toute proche. Sa vitrine est son atelier, ou peut-être l’inverse. Elle ouvre un grand tiroir pour me montrer son travail en cours. Les pièces du vitrail sont soigneusement disposées dans ce qui ressemble à un puzzle géant. Elle découpe, sertit, soude. Je n’avais jamais vu d’outils comme les siens avant. Quand je l’observe manipuler ses couteaux aux formes mystérieuses je me dis qu’à sa place, cela ferait longtemps que j’aurais un bout de doigt en moins. Mais Lior assemble ces pièces de verre et de métal avec simplicité et évidence. Le weekend, ils sont nombreux, les curieux du marché, à passer jeter un œil pour comprendre le mystère derrière ces compositions de lumière et de couleurs. Quand elle aura fini la pièce sur laquelle elle travaille, elle entamera cette fois un nouveau chantier, celui de son atelier. Un besoin de transformer ce lieu pour faire évoluer sa pratique et s’attaquer à de nouveaux projets. En repartant je réalise que j’ai oublié de demander à Lior pourquoi elle avait appelé sa boutique-atelier l’Athanor. Après quelques recherches, j’apprends qu’il s’agit d’une sorte de four que les alchimistes utilisaient pour fabriquer la pierre philosophale. Bien sûr, il est question de minutie, de lumière et de transformation.