Le sanctuaire de la mémoire des bruxellois
Ça ressemble à quoi, la mémoire d’une ville ? C’est la question que je me suis posée en voyant inscrit sur un bâtiment de la rue des Tanneurs « archives de la ville de Bruxelles ». C’est donc dans l’une des plus vieilles rues de cette ville qu’ est préservée la mémoire bruxelloise. Depuis 1979, 30km d’archives sont stockées dans les anciennes manufactures de tissus Waucquez. L’emménagement ici a permis de conserver ce bâtiment majestueux dans un quartier qui avait déjà beaucoup trop souffert des démolitions. L’édifice est une archive en soi, avec sa verrière, ses somptueuses étagères et son ascenseur d’époque. Il flotte dans l’air une odeur de papier ancien. Je me dis que si l’Histoire avait un parfum, ce serait celui-ci. Des milliers d’aventures bruxelloises en tout genre reposent ici : j’y trouve procès-verbaux, avis d’urbanisme, ou encore affiches de festival. Sous la direction de Frédéric, l’archiviste en chef, ces documents ont été méticuleusement collectés, triés et préservés, garantissant ainsi leur disponibilité pour le public. Car la mémoire d’une ville est un bien démocratique qui se doit d’être accessible à toutes et tous. En me promenant à travers les rayonnages, je sens que les histoires ne se contentent pas d’être conservées ; elles habitent aussi l’espace, lui conférant une atmosphère quelque peu mystique. Frédéric me confirme cette sensation, surtout si l’on traîne là un peu tard par un soir d’hiver. Depuis quelques années, il serait question de déménager car avec le temps, la mémoire s’allonge, les archives débordent et les extensions ne suffisent plus. Seulement, déplacer des archives est une chose bien délicate à réaliser, tant par le volume que par la fragilité de ces biens. Alors en attendant, c’est ici, aux Marolles, dans ce cœur emblématique de l’âme bruxelloise, que repose encore pour un temps la mémoire de cette ville.