La symphonie de l’hygiène

Le CHU Saint-Pierre est une micro-ville, et comme toutes les villes, certaines activités sont vitales bien que méconnues pour la plupart des gens. C’est ainsi que l’on me parle du service de stérili’. Ce nom à la consonance joyeuse éveille ma curiosité. Alors que je parcours un dédale de couloirs pour m’y rendre, j’ai l’impression, à la façon dont les gens se disent bonjour, qu’ici tout le monde se connaît. En fait, il s’agit simplement de « l’esprit Saint-Pierre ». On m’explique que cet hôpital a un caractère familial, communautaire et cosmopolite, ainsi qu’une façon d’aborder le soin à travers laquelle le SDF sera traité avec la même diligence que le roi. Rien de moins.
J’arrive donc en stérilisation où Maria m’accueille au détour d’un énième couloir. Il m’apparaît évident maintenant que oui, les hôpitaux disposent de quoi rincer, nettoyer et stériliser la moindre pince chirurgicale. Alors elle m’entraîne dans ce parcours de plateaux et de chariots, du bloc opératoire à la salle finale où seront répartis les ustensiles stérilisés et prêts à être réutilisés. Les protocoles sont nombreux et je serais bien incapable de m’y retrouver avec ma tête en l’air. Mais ils respectent pourtant une logique de « marche en avant » faite de bon sens : aller toujours du plus sale au plus propre. Chaque chariot transportant le matériel va suivre un véritable périple avec de nombreuses étapes : la moindre pince ainsi que chaque chariot seront rincés, frottés, passés dans des machines géantes, inspectés, emballés et stérilisés. Avec contrôle, double contrôle et scan systématique.
Leur activité les amène à être en contact avec tout l’hôpital, ce qui n’est pas sans friction, car chacun a ses petites manies, propres à sa spécialité ou à sa façon de ranger. Je sens qu’en stérilisation, il ne s’agit pas seulement d’être rigoureux, mais aussi diplomate. Comme dans une famille en somme, où chacun a ses petites habitudes, qu’il faut savoir ménager pour le bien de la communauté tout entière.