La crèche Art Nouveau aux poissons volants
Je débarque au même moment que les derniers parents dans cette crèche historique de Bruxelles. Elle a vu le jour à une époque où l’on avait une approche hygiéniste et fonctionnelle de la vie, y compris dans la prise en charge des tout-petits. Heureusement, les méthodes d’accueil et de garde ont su évoluer bien plus vite que les murs qui les accueillent. On m’invite à passer une tête dans la section des plus grands, ceux qui passeront prochainement le seuil de l’école. Ce début de matinée est le moment d’échanger les nouvelles du jour. Fatiha, Siam et Karen passent en revue les petits tracas et humeurs de chacun. Elles connaissent parfaitement les traits de caractère de la quinzaine de petits dont elles s’occupent. Il y a les indépendants, les discrets, les agités et les addicts aux câlins. Si les peluches sont autorisées, ce sont souvent elles qui endossent le rôle de doudou. Tous les enfants enfin arrivés, la cérémonie du bonjour peut commencer. On se salue un à un, on chante, et on partage. Le petit groupe évolue et se reforme au gré des activités. Dans ce bâtiment ancien à l’allure austère, l’ingéniosité et l’énergie des puéricultrices ont permis de transformer tout recoin en espace d’éveil et d’émerveillement. La salle enchantée « snoezelen » est là pour en témoigner. C’est un sanctuaire paisible où les sens sont rois, avec ses poissons flottant dans la lumière tamisée, ses coussins éparpillés au sol, et ses murs invitant à l’exploration tactile. Je me prends à être émerveillé aussi par ce lieu. Mais c’est maintenant l’heure du repas, Siam lave les menottes pendant que Karen et Fatiha transforment comme par magie la salle de jeu en cantine-restaurant pour bambins. Leur façon de façonner l’espace me fascine. Je me dis, une fois de plus, que le secret d’un lieu accueillant et chaleureux réside toujours dans la créativité et l’humanité des individus qui l’occupent.