Finances, confiance et bienveillance au Mont-de-Piété

Le Mont-de-Piété m’avait toujours intrigué : il y avait un décalage entre ce nom si poétique accolé à un bâtiment à l’allure un peu austère. Pourtant, il est facile de passer le seuil, un côté pour y déposer ses biens en gage, un autre pour assister à une vente. J’y rencontre Benoît, qui dirige cette institution vieille de plus de quatre siècles. À l’arrière, le jardin et sa fontaine sont les derniers vestiges de l’ancien couvent sur lequel le Mont-de-Piété a été bâti. Il a vu le jour en 1618 afin de mettre un terme aux pratiques souvent abusives des prêteurs sur gage, avec des taux qui pouvaient s’élever à 130 %. Il fallait donc créer une institution dans laquelle chacun pouvait en toute confiance y déposer ses biens de valeur contre le bénéfice d’un prêt à un taux décent. De nos jours, l’esprit reste le même et le besoin est toujours existant, qu’il s’agisse d’éviter de tomber dans la pauvreté, de financer des études ou même de partir en vacances. Ici, il n’y a pas à justifier son besoin. Les ventes des biens gagés ne représentent que l’ultime recours d’un remboursement défaillant, ce qui n’arrive finalement qu’à la marge au regard des volumes déposés chaque année. Aujourd’hui, les armes et les fourrures ne sont plus acceptables – question d’éthique et d’évolution de la société – et ce sont surtout des bijoux, montres ou sacs de luxe qui sont mis en gage. L’équipe d’experts évalue ces biens pour déterminer le montant du prêt en fonction du prix de vente potentiel. Cela nécessite plus de diplomatie qu’il n’y paraît, car valeur marchande et émotionnelle ne sont pas toujours alignées. Mais le Mont-de-Piété n’a pas vocation à remplir la salle de vente en tirant profit d’une situation de besoin. Au contraire, comme au temps de sa création, il s’agit avant toute chose d’accompagner, dans la confiance et sans jugement, ceux qui un jour ont un besoin de financement.