Da Vinci à Saint-Pierre

Je dois reconnaître que le terme « robot » n’était peut-être pas la première chose qui me venait à l’esprit à l’évocation du CHU de Saint-Pierre. Pourtant, on me dit que c’est grâce à leur aide que de nombreuses opérations de chirurgie sont réalisées dans cet hôpital. Pour me faire découvrir ces technologies de pointe, on m’invite à assister à un pontage cardiaque réalisé en partie avec l’assistance de l’un de ces robots. Je rencontre Arnaud, chirurgien cardiaque, qui m’explique avec pédagogie le protocole de cette intervention et les règles à suivre dans la salle d’opération. Je retiens le principal : ne jamais s’approcher de tout ce qui est bleu. Quand j’y arrive, l’équipe finit de préparer le patient. La concentration est palpable, tous semblent absorbés dans leurs tâches respectives. Seule la radio en fond sonore rappelle que le train-train de la vie quotidienne suit son cours quelque part à l’extérieur de cette salle.
Une fois le patient préparé pour l’intervention, le robot Da Vinci entre en scène. Ses trois bras vont être télécommandés par Arnaud et serviront à préparer le pontage en disséquant une artère mammaire. Un bras sert pour la caméra et les deux autres pour la manipulation des instruments. Captivée, j’observe sur grand écran l’avancée minutieuse de son travail pendant que le cœur du patient bat à quelques millimètres des instruments. Si ce petit bijou de technologie a été acquis il y a deux ans seulement, cela fait déjà depuis les années 90 que le CHU dispose de robots pour assister les chirurgiens dans de nombreux domaines. Même si Da Vinci a l’air de bouger tout seul, c’est bien Arnaud et uniquement lui qui est aux commandes, avec un vrai engagement du corps. Il dirige l’ensemble des instruments, caméra comprise, à l’aide de ses mains et de ses pieds. La robotique de pointe n’annule donc pas le travail d’orfèvrerie des chirurgiens : elle amplifie tout simplement leur savoir-faire.